vendredi 6 janvier 2012

Hussein Chalayan, ingénieur de mode

Il y a quelques semaines, je suis allée voir l’exposition Hussein Chalayan, Récits de Mode aux Arts Décoratifs. C’était le dernier jour avant la fermeture et l’idée de faire partie des ultimes visiteurs m’a conditionnée et m’a aidée à comprendre le sens profond du travail du designer chypriote.

Je m’explique.

Une expo, c’est comme un spectacle, une fois le rideau tombé, la magie s'envole. A la différence des créations littéraires ou musicales, la mise en scène est un art éphémère qui n’existe que dans un lieu et un temps restreints. Grâce à mes quelques expériences en tant que commissaire d’exposition (j’en reparlerai bientôt), je sais à quel point on peut ressentir un sentiment de vide en tournant la page d’un projet qui nous a mobilisé pendant des mois voir des années.




Ce Dimanche 11 Décembre 2011, entre les murs du Musée de la Mode, je suis donc dans un état proche du recueillement, prête à admirer chaque détail de cette scénographie qui disparaîtra bientôt et de toutes ces créations qui seront à nouveau sous house dans quelques heures.

Et cette concentration va s’avérer très utile car le travail de Hussein Chalayan pousse à la réflexion.

Dès les premières minutes de la visite, un aspect essentiel de la personnalité et de l’œuvre du designer se révèle. Chalayan n’est pas seulement un créateur de vêtements, c’est aussi un philosophe, un architecte, un ingénieur et un sociologue.

Chez Chalayan, les étoffes et les plis se chargent de messages forts questionnant le monde, son évolution et, très souvent aussi, sa folie.

Hussein Chalayan est un artiste engagé. Sa personnalisé est marquée par les clivages. Originaire de Nicosie sur l’île divisée de Chypre, il rejoint Londres dans les années 90  pour étudier à la prestigieuse école Central Saint Martins. Dès ses premières créations, il repousse les limites du stylisme en développant des collections sur des thèmes subversifs qui, sans dénoncer, doivent amener le public à réfléchir.

L’esthétisme de certaines pièces est incontestable mais le sens et l’impact de la plupart des oeuvres restent opaque tant elles sont conceptuelles.

Ainsi, pour accompagner le visiteur, un livret détaillant chaque installation exposée est fourni. Le titre de ce livret est d’ailleurs révélateur : aide à la visite et il s’agit bien de cela. Pour être honnête, sans des explications claires et précises, il serait difficile d’appréhender le travail de Hussein Chalayan.




Deux créations m’ont particulièrement plu.

La collection Ambimorphous, Automne-Hiver 2002 est une étude sur la construction-déconstruction des habits traditionnels et contemporains et une réflexion sur la métamorphose. Le choc des couleurs et des formes marque tout l’antagonisme de ces silhouettes mais révèle aussi une possibilité d’évolution de l’une vers l’autre et donc une certaine ambiguïté.




Mon second coup de cœur est la collection One Hundred and Eleven, Printemps-Eté 2007. Chalayan s’est inspiré des évènements qui façonnent le monde et son histoire en explorant deux thèmes qui lui sont chers : l’évolution et la transformation.. Cette collection est impressionnante tant en terme d’esthétisme qu’en terme de technologie. Associé à Swarovski, Chalayan repousse les limites du possible et transforme le vêtement en une parure extraordinaire, comme en témoigne la réaction des spectateurs du défilé.



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