Après quelques
mois d’absence pour cause de travail prenant et de challenges à relever, me
voici de retour dans mon entre-deux virtuel pour continuer à partager mes
découvertes, mes coups de cœur, mes envies et mes inspirations.
Avoir plus de
temps libre signifie notamment pouvoir faire les choses que l’on aime beaucoup
plus souvent. C’est donc avec grand plaisir que je reprends le fil de ce
blog, en présentant ma dernière exposition visitée: l’impressionnisme et la mode au musée d’Orsay.
Véritable voyage au temps de Manet, Renoir et leurs contemporains, l’impressionnisme et la mode nous entraine dans un monde de rubans, de corsets et de chapeaux, sublimés par une scénographie particulièrement bien pensée.
Une soirée, Béraud, 1878 |
Véritable voyage au temps de Manet, Renoir et leurs contemporains, l’impressionnisme et la mode nous entraine dans un monde de rubans, de corsets et de chapeaux, sublimés par une scénographie particulièrement bien pensée.
Les thèmes de la
mode et de l’art s’y font face, avec comme toile de fond le contexte social du
XIXe siècle et le mouvement de la modernité qui transforme peu à peu la société
d’alors. Si le titre de l’événement au musée d’Orsay ni fait pas directement
allusion, l’intitulé anglais Impressionism
Fashion and Modernity des versions du MET et du Arts Institute of Chicago
où sera ensuite présenter l’exposition, reflète parfaitement les trois grands
axes d’étude choisis.
L’idée du scénographe Guy Cogeval n’est pas seulement de mettre en perspective tableaux et robes mais d’offrir un parcours où la mode et la peinture se font constamment l’écho des modes de vie et des devoirs sociaux de l’époque.
Dès la
première salle, le visiteur est ébloui par les magnifiques robes et corsages
présentés au centre de l’espace d’exposition. Témoignant du style en vogue à
l’époque : taille fine, buste plat et courbes rejetées vers l’arrière, ces
ouvrages aux tissus, plis et détails intacts sont tous impeccablement
conservés. L’observation des coupes permet de comprendre un point important de
la condition féminine de l’époque.
Robe d'été portée par Mme Bartholomé, 1880, Paris |
Soumises à la tyrannie des corsets, les
femmes doivent souffrir pour être belles et à la mode. Nul doute que pareil
accoutrement entrave largement la mobilité des membres ainsi que la respiration
et influe directement sur la vie quotidienne des élégantes. La salle réservée à
la lingerie confirme à quel point les dessous étaient moins des attributs pour
sublimer que pour contraindre et transformer le corps.
Nana, Manet, 1877 |
Illustrations de mode du Bon Marché, Paris |
Les illustrations de mode qui se démocratisent au XIXe siècle témoignent des débuts de la mode en tant que commerce et représentent une importante source historique des tendances de l’époque. Ces planches de catalogue servaient également de modèle aux couturiers à qui l’on demandait de reproduire, plus ou moins fidèlement, tel ou tel modèle.
La
seconde salle invite le visiteur au cœur d’un défilé, où les mannequins sont
les créatures peintes par les maitres impressionnistes de l’époque. Chaque
tableau, faisant face à un immense miroir, reflète une figure de la féminité.
L’observation
de ces chefs-d’œuvre picturaux révèle deux styles bien distincts. D’un côté,
les maitres du mouvement impressionniste comme Renoir, Manet, Monet ou encore
Cézanne ne s’enferment pas dans une reproduction réaliste du style
vestimentaire de leur époque. Fidèles à leur style, leurs regards se posent sur
les attitudes, les mouvements, les ombres et les couleurs. Ce n’est pas la mode
qu’ils montrent, mais l’atmosphère dans laquelle cette mode se vit.
Jeune Dame dit aussi La Femme au perroquet, Manet, 1866 |
Le choix du tableau illustrant l'exposition est en ce sens révélateur. Alors que de nombreuses toiles éblouissent par leurs modèles aux tenues spectaculaires, l'oeuvre de Manet La Femme au Perroquet représente une jeune fille à l'allure timide, drapée dans une tenue d'interieur: un peignoir rose pâle. Si cette toile ne symbolise donc pas la mode à première vue, elle témoigne cependant d'une grande connaissance du peintre sur les tendances de l'époque quand les femmes commencent à abandonner la crinoline pour des coupes plus vaporeuses et fluides, sous l'influence de l'Impératrice Eugénie.
L’impressionnisme n’est pas une peinture d’appart, où le modèle se doit de
paraître sous son meilleur jour. C’est un peinture de l’instant, de la vérité
et de l’intime, comme en témoigne les nombreuses œuvres ayant pour décor la vie
familiale et domestique.
Portrait de Madame Charpentier et ses enfants, Renoir, 1878 |
Cette
atmosphère intime se retrouve dans la troisième salle aux murs couverts de
papier peint, dans laquelle se joue une petite musique. Les tenues d’intérieur
n’en sont pas moins élégantes et féminines et attestent certainement de la
condition sociale des hôtesses de maison.
D’autres
peintres ont une approche beaucoup plus représentative comme James Tissot qui
aborde les thèmes de la modernité délaissés par ses pairs impressionnistes
comme l’avènement des grands magasins.
La Demoiselle du magasin, Tissot, 1883-1885 |
Tissot accorde une grande importance aux vêtements et constitue au fil des ans, une collection qu’il met à la disposition de ses modèles. Ainsi, une même robe pouvait habiller deux femmes différentes dans des œuvres peintes à plusieurs années d’écart.
Portraits par James Tissot |
Si la mode féminine fait la part belle aux imprimés fleuris, aux rayures, aux teintes claires et pastels, aux plis, aux nœuds et aux détails sublimant la taille, la mode des hommes est souvent raillée pour manque de créativité et son goût pour les nuances sombres. Seule la figure du dandy ose l’excentricité vestimentaire qui accompagne une allure fière et nonchalante.
Les Deux Soeurs, Morisot, 1869 |
Madame Louis Joachim Gaudibert, Claude Monet, 1868 |
L’exposition se termine en beauté dans une salle immense, à la mesure des grands formats présentés. Recréant l’atmosphère lumineuse et aérée d’un jardin d’été, cette dernière étape replace la mode des impressionnistes dans leur contexte favori : l’extérieur et la nature où couleurs, formes et mouvements sont à l’apogée de leur beauté.
Le Déjeuner sur l'herbe, Monet, 1865-1866 |
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